La lecture numérique est-elle bonne pour l'environnement ?
Par Florent Taillandier | jeudi 03 février 2011


Rupert Murdoch, le dirigeant de Newscorp, qui vient de lancer "the Daily", un nouveau type de journal numérique spécifiquement conçu pour les tablettes, et en a profité pour parler d'un véritable progrès pour l'écologie...

Lors de la présentation du Daily, Rupert Murdoch a parlé du progrès pour l'écologie qu'était son journal, car il n'y avait plus de papier, ni de transport. Bien que tout à fait vrais, ces points ne signifient pas que la lecture d'un journal numérique comme "Le Daily" est totalement anodin en termes d'empreinte écologique.

Après tout, 30 millions de dollars ont été investis dans des technologies et du matériel dont on ne connaît pas l'empreinte écologique, 126 personnes travaillent pour mettre à jour le journal au quotidien, et tout cela représente aussi un coût énergétique. Et c'est sans compter l'iPad, nécessaire pour lire ce journal, avec le coût énergétique de son chargement, les serveurs d'Apple, etc....

On peut abandonner l'idée de réussir à faire un calcul exact de l'empreinte écologique d'un tel projet, mais cela m'a fait repenser à cet article passionnant du Washington Post, paru l'été dernier, et qui s'était intéressé à des études menées sur le sujet. Pour l'occasion, un kindle, un ipad et un livre papier avaient été comparés en termes d'impact carbone.
Quelques chiffres intéressants....

Livre papier, kindle ou iPad, quelle empreinte en équivalent carbone ?

Un livre coûte "seulement" 7,5 kgs en équivalent carbone. A côté, un kindle "coûte" 168 kgs, et un iPad 130 kgs. Mais bien sûr, l'intérêt du Kindle ou de l'iPad est qu'ils permettent de lire plus de livres. Alors à partir de combien de livres les lecteurs d'ebooks et autres tablettes sont-elles réellement plus écologiques que le papier ?

Finalement assez vite, car il faudra seulement 18 ebooks pour l'iPad et 23 ebooks pour le Kindle pour "amortir" leur coût carbone de départ. La moyenne de consommation étant de 3 ouvrages par mois, il faudra à peu près 6 mois pour que le lecteur soit "plus écologique" que le livre.

Sur ce point, il semble donc que les choses soient plutôt claires, et que, oui, ces appareils sont plus écologiques que le papier.

La consommation d'eau et le livre numérique

L'eau est importante aussi dans l'impact écologique. Alors les 27 litres d'eau nécessaires à la création d'un livre, comparés aux 2 tasses d'eau nécessaires pour fabriquer un ebook sont incomparables. Avec le coût en eau de 300 litres calculé pour fabriquer un appareil de lecture, il faut finalement seulement une douzaine de téléchargements d'ebooks pour commencer à économiser beaucoup d'eau (plus de 26 litres à chaque ebook téléchargé).

Comparatif en termes de produits chimiques

Là encore, bon point pour les machines, qui, avec les normes actuelles anti-pollution et de recyclage génèrent beaucoup moins de pollution que ce que l'on peut imaginer. Mais attention, car même si Apple a été salué pour ses initiatives concernant les matériaux utilisés pour l'iPad, il faut être certain que le recyclage est effectué comme il faut, ce qui est loin d'être toujours le cas.

Pour le papier, ce n'est pas du tout mieux : les encres utilisées par l'imprimerie, et le chlore utilisé en quantités industrielles pour blanchir le papier sont des polluants extrêmement nocifs, et les encres végétales qui existent sont peu utilisées.